TUIC § TIAC

Avant de présenter le projet proprement dit, il est  souhaitable de lancer une discussion autour des métiers, par exemple le métier des parents. Souvent ils sont décrits mais le nom même du métier n'est pas toujours spécifié.

Parmi tous les métiers recensés, quels sont ceux qui sont des métiers manuels ? L'adjectif manuel lui-même demande à être précisé.

Le projet  est alors exposé : il s'agira de rencontrer des personnes travaillant avec leurs mains, possédant un certain savoir-faire spécialisé. Il faudra les interroger  mais aussi enregistrer un témoignage vécu de cette activité, autrement dit il faudra filmer, photographier le travailleur en action, si possible dans le cadre même de son atelier, dans l'exercice de son métier.

Pour ce faire, nous aurons recours à des appareils d'enregistrement,  des caméras et des appareils photo.

Le principe fondamental du projet  est alors affirmé : ce sont les élèves qui utiliseront les appareils, et non les maîtres et  maîtresses (dont la tâche sera de superviser les opérations et résoudre les problèmes techniques ponctuels qui peuvent surgir ça et là).

Cela suppose donc une initiation à leur usage et un entraînement  aux différentes actions possibles.

Une consigne simple est donnée, sans plus de conseils, déclinée selon les différents appareils :

• Prendre cinq photos de la cour de l'école
• Filmer une minute dans la cour de l'école.
• Enregistrer les sons de la cour de l'école (pas plus d'une minute là encore)

Les appareils sont distribués les uns après les autres, les élèves qui attendent  leur tour observent leurs camarades.

Une fiche permet de récapituler qui a fait quoi (cf. fichier joint)

Après un rappel de la séance précédente, une sélection des photos est projetée, et certaines sont commentées. Une photo penchée, décadrée, floue, gâtée par un petit doigt qui traîne, tout est prétexte à se poser la question : qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi la photo est-elle ainsi ?

Les nécessités de tenir l'appareil bien droit, de ne pas bouger au moment du déclenchement, de ne pas obstruer l'objectif, sont mises peu à peu en évidence.

Les films obtenus sont généralement trop agités, avec des mouvements de caméra très rapides. L'élève, qui ne dispose plus d'un viseur, a parfois de la peine, surtout les petits, à suivre sa trajectoire sur l'écran, en un mot à rester bien concentré sur lui.

L'enregistrement pose moins de problèmes dans un premier temps. On peut tout de même avertir que le vent est le grand ennemi du preneur de sons, en faisant saturer les micros.

Quelques-unes des productions de la séance précédente sont visionnées et analysées. On remarque une plus grande stabilité d'image, une meilleure lisibilité. La contrainte du point d'ancrage a permis cette évolution. Ce qui permet d'insister sur ce point essentiel : le point de vue du filmeur. Filmer c'est choisir un point de vue.

Un exercice sur feuille est distribué (portant sur les différents plans, voir fichier joint). Pendant que les élèves découpent, réfléchissent, placent et collent, un enfant à tour de rôle choisit de filmer un de ses camarades.

Il choisit aussi son point de départ, d'où il fera un plan large sur celui qu'il filme, puis il se rapprochera peu à peu jusqu'à obtenir un gros plan. Enfin il terminera par un très gros plan sur les mains, les gestes de celles-ci.

Le temps de chaque prise ne devrait pas excéder une minute et demie.

Quelques-unes des productions de la séance précédente sont visionnées et analysées. Les consignes données (on procédera à leur rappel) ont-elles été respectées ? La continuité plan large-plan rapproché-gros plan -très gros plan a-t-elle été effective (on peut donner le nom de ce mouvement de caméra : le travelling).

Pour réaliser leur histoire, un outil est présenté aux élèves : le story-board (ou scénarimage). Mise en dessins préalable de l'histoire, il accompagne le tournage de nombreux films.

Dans le cadre du projet, un exemplaire de la revue Story-Board a servi de support, avec le story-board complet du film de Jean-Pierre Jeunet, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. Il était montré comment l'on passait des dessins rudimentaires du cinéaste à leur transcription précise par le dessinateur Luc Desportes, et le plan du film correspondant. Le story-board, d'après le scénario, permet d'anticiper le tournage en précisant d'emblée l'échelle de plan et l'angle de vue de la caméra (hélas, cette revue n'existe plus et le numéro 1 en question est certainement difficile à dénicher, on peut néanmoins trouver des équivalents sur le net, sur l'académie de Nancy-Metz ou sur le site de la Cinémathèque).

La réalisation se déroule en plusieurs phases.

• Questionnement : Où allons-nous tourner (dans la classe, dans la cour, sous le prau...) ? Qui interprète le(s) personnage(s) ? Quels accessoires sont indispensables ? Qui va filmer (dans le projet, c'est le storyboardeur, en tant qu'inventeur de la situation, qui désignait les rôles de chacun) ?
• Tournage : Trois versions de la même histoire sont filmées tour à tour, tout d'abord en vision horizontale ordinaire, puis en plongée (cadreur sur une chaise, une table ou bien encore un escabeau), enfin en contre-plongée (où il sera souvent nécessaire de tourner couché au sol). Il faut laisser le temps aux élèves d'imaginer des solutions pour trouver l'angle de vue souhaité). L'équipe de tournage (acteurs, cadreur) est renouvelée à chaque version.

Afin que chaque élève de la classe ait un rôle actif lors du tournage, il est préférable  de renseigner une fiche de tournage (dont un exemple possible est joint ici).

Deux caméras seront utilisés afin d'avoir une variété de points de vue. Cette activité est la plus exigeante en concentration, aussi faut-il prévoir des relais assez rapprochés (la tablette tactile est un outil intéressant car son large écran facilite le cadrage, mais sa relative lourdeur impose une rotation assez rapide).

Un questionnaire sera préparé collectivement, mais un intervieweur (ou plusieurs) sera désigné.

Les photographes prendront des photos librement pendant le tournage, en évitant le mitraillage intempestif.

Les enregistreurs se tiendront près de l'artisan mais sans excès afin de ne pas gêner ses mouvements

Les dessinateurs fixeront quelques éléments du tournage (artisan, atelier, outils...). Ces dessins seront ensuite scannés et intégrés dans les montages ultérieurs. Prévoir des supports et des outils ad hoc.

L'important est que chacun sache quelle fonction précise il occupe pendant le tournage.

Le montage reste une opération technique délicate et chronophage que l'on peut difficilement mener en classe, surtout en collectif. C'est donc l'adulte enseignant qui se chargera de cette phase cruciale.

Néanmoins les élèves peuvent être associés sur certains éléments :

• Choix d'une ou plusieurs musiques pour accompagner les images.
• Comparaison de séquences avec différents points de vue de caméra, choix d'un plan par rapport à un autre, explicitation de ce choix (vision plus précise, cadrage plus ferme, meilleure qualité d'image...).
• Création d'un diaporama avec les photos prises pendant le tournage (il existe des logiciels simples d'utilisation pour une telle réalisation).

Deux types de productions peuvent être envisagés :

1. Vidéo, montée avec les différents films, les dessins, avec ajout de générique et éventuellement de textes courts explicatifs. Il semble important de ne pas utiliser toute la matière recueillie, et de procéder à des coupes afin d'obtenir un film dynamique.
2. Diaporama sonore, mêlant photos, dessins et extraits de la bande sonore enregistrée.

Le film terminé sera visionné collectivement, et chaque famille pourra l'acquérir grâce à une clé USB ou un DVD. L'artisan sera destinataire d'une copie (on peut aussi l'inviter à un visionnage avec toute la classe).