Séance 1: "Un martien"
- Discipline / domaine
- Lecture et compréhension de l'écrit
- Objectif
- - Découvrir le genre de la nouvelle littéraire,
- écrire une suite à l'histoire.
- Durée
- 55 minutes (5 phases)
- Matériel
- « Un Martien », Nouvelles Histoires pressées, Bernard Friot / diapo TBI
1. Présentation du texte
On explique aux élèves que la nouvelle qu’ils vont lire se présente comme une lettre ; ils vont la découvrir petit à petit, l’enseignant va lire le texte, par extraits successifs.
Inutile de donner d’emblée le titre, qui incite à voir dans le scripteur « un Martien », représentation que certains élèves auraient du mal à déconstruire. Le titre sera donné en fin de lecture.
2. Lecture de la première partie de la nouvelle aux élèves (=> « on est quittes »).
Lecture de la première partie.
Cher papa, chère maman, Eh oui, me voici sur la planète Mars. J'espère que vous vous êtes bien inquiétés depuis ce matin et que vous m'avez cherché partout. D'ailleurs, je vous ai observés grâce à mes satellites espions et j'ai bien vu que vous faisiez une drôle de tête cet après-midi. Même que papa a dit : « Ce n'est pas possible, il a dû lui arriver quelque chose ! » (Comme vous le voyez, mes micros longue distance sont ultra-puissants.) Eh bien, j'ai un peu honte de le dire, mais je le dis quand même, parce que c'est la vérité : je suis rudement content que vous vous fassiez du souci. C'est de votre faute, après tout. Si vous ne m'aviez pas interdit d'aller au cinéma avec François, je ne serais pas parti. J'en ai marre d'être traité comme un gamin ! D'accord, je n'aurais pas dû vous traiter de vieux sadiques ; Mais maman m'a bien traité de gros mollasson, alors on est quittes.
Qu’a-t-on appris dans ce début d’histoire, dans ce début de lettre ?
Plutôt que des questions fermées initiales, un rappel de récit, commencé par un élève et complété par les autres, permet d’élucider le contexte : disparition du scripteur de la lettre, un garçon – une fois qu’il est prouvé qu’il s’agit bien d’un garçon, on peut préciser qu’il s’appelle Félicien –, inquiétude des parents, cause de la dispute. On relève ce qui est étonnant : il dit qu’il est sur Mars (Attention: on ne dit pas qu'il est sur Mars).
3. Lecture de la deuxième partie de la nouvelle (=> « Vous voyez à qui je fais allusion… »).
Lecture de la deuxième partie
Ne me demandez pas comment je suis arrivé ici, c'est un secret et j'ai juré de ne pas le dire. En tout cas, je me plais bien sur Mars. Les gens ne sont peut-être pas très agréables à regarder, mais ils sont supersympas. Personne ne fait de réflexions quand vous avez le malheur d'avoir un 9 en géographie. Vous voyez à qui je fais allusion...
D’après vous, à qui Félicien fait-il donc allusion ?... Quel âge pourrait-il avoir ?
On peut proposer d’abord aux élèves d’écrire l’âge qu’ils imaginent sur leur ardoise (sans commentaire). On laisse ensuite argumenter les élèves, à partir des indices du texte : Félicien a le droit d’aller au cinéma tout seul avec un copain, il a eu 9 en géographie, ce qui n’a pas fait plaisir aux parents : il s’agit donc de 9/20, ce qui fait plutôt penser au collège… Cela permet de poser explicitement que Félicien n’est plus un « petit garçon », mais qu’il dépend de ses parents, il n’est pas encore un jeune adulte autonome
4. Lecture de la troisième partie (jusqu’à la signature).
Lecture de la troisième partie.
Il y a quand même des choses un peu bizarres. Je ne parle pas des espèces de scarabées que les Martiens grignotent à l'apéritif. Sur Terre aussi, il y a des trucs impossibles à manger. Les choux de Bruxelles, par exemple. Non, le plus tordu, c'est la façon dont on fait les bébés. Il suffit qu'un garçon et une fille se regardent dans les yeux, et hop ! ils deviennent papa-maman. J'ai déjà une demi-douzaine d'enfants. Je crois que je vais mettre des lunettes de soleil. C'est plus prudent. J'ai encore des tas de choses à vous raconter, mais je préfère m'arrêter là.
Portez-vous bien et à bientôt, j'espère. Félicien
On peut faire écrire les élèves : « D’après toi, pourquoi Félicien écrit-il à ses parents ? » Cette question permet de faire réfléchir à l’intentionnalité du scripteur. Réponses fréquentes : pour les rassurer ou au 4 contraire pour les inquiéter, pour les énerver, pour leur raconter son voyage, pour les avertir qu’ils ont des petits-enfants, …
5. Lecture de la dernière partie de la nouvelle : les post-scriptums
- Expliquer aux élèves qu’il arrive, quand on a terminé une lettre, qu’on ait quelque chose à ajouter : on écrit alors un « post-scriptum » (termes à élucider). Félicien a écrit non pas un, mais deux postscriptums qui restent à découvrir…
- Lecture de la dernière partie
P.-S. : Vous seriez gentils de m'envoyer deux sandwiches au saucisson, un yaourt à la fraise et une bouteille de jus de raisin. Et dites-moi si vous êtes encore fâchés.
P. P.-S. : Vous n'avez qu'à laisser le colis et la lettre devant la porte du grenier. Ne vous inquiétez pas, ça arrivera.
Immédiatement après la lecture, on peut faire écrire les élèves : « Et maintenant, où penses-tu que se trouve Félicien, quand il écrit sa lettre ? » La discussion qui suit, souvent animée, permet des échanges très argumentés.
Il est important de revenir sur l’intentionnalité du scripteur : « Que veut Félicien finalement ? Pourquoi écrit-il cette lettre ? ». Cela permet de poser que certes, le garçon est affamé et il souhaite avoir un repas ; mais surtout, il veut se réconcilier avec ses parents (« dites-moi si vous êtes encore fâchés »), sans pour autant revenir sur sa demande initiale de ne plus être traité « comme un gamin ». On reviendra sur le jeu de l’auteur avec le lecteur et le plaisir que procure le fait de comprendre ce que le texte ne dit pas en clair.