Il est très important que l'introduction du 0 se fasse comme nécessité fonctionnelle, comme il en a été historiquement, pour éviter des confusions dans la généralisation de l'écriture positionnelle et afin d'en rendre l'usage simplifié.
Car 0,dans son introduction par les hommes du passé n'a pas de valeur de nb, au sens de rendre comte d'un comptage. Ce n'est qu'au 19ème siècle, avec la notion de cardinal d'un ensemble vide, que 0, s'est vu attribuer la signification d'un nb et qu'il a été intégré notamment dans la suite des nbs entiers: 0,1,2,3,4... prenant ensuite la 1ère place de cette suite.
Il est important de constater que 0 a d'abord était introduit après 9 et non avant 1, pour signifier sa fonction spécifique liée à l'écriture positionnelle et non pas avec une fonction de nb.
Le zéro est de l'ordre d'une énigme qui, pendant des millénaires, a été refusé comme existant.
L'introduction du zéro dans cette démarche est donc mnt capitale puisqu'il s'agit d'en faire resurgir la nécessité, par rapport à ce qui vient d'être construit par les élèves. La situation proposée se présente comme réinvestissement de ce qui précède. Mais elle va s'avérer réinvestissement créatif puisqu'une nouvelle forme d'impossibilité va apparaitre, un manque auquel il faudra bien chercher à faire face.
Et si l'on veut laisser la balle dans le camp des élèves, en quelque sorte, il faudra pour l'enseignant savoir ne pas intervenir, si ce n'est en rappelant ce qu'ils ont construit dans la phase précédente.
On revient à la base 4, pour une manipulation aisée.
Maintenant puisque vous savez comment faire pour compter des objets au pays des 4, et que vous savez aussi comment écrire le nb trouvé; vous allez chercher à faire de même avec le nb suivant d'objets : 18, 24 et 6.
Ces nbs ne sont pas énoncés par l'enseignant, pour éviter toute confusion entre la désignation des nbs en base 10 et ceux en base 4.
Ce sont des tas d'allumettes déjà préparés par l'enseignant qui sont répartis entre les élèves: l'enseignant choisi soit un nb pour tous, soit une répartition entre des groupes différents d'élèves, pour organiser ensuite des confrontations. Il peut organiser un jeu entre quipes fonctionnant par paires. Aux unes par exemple, il donne 18 allumettes et aux autres 24. La consigne est que chaque équipe fabrique un message pour l'autre équipe, chacune devant déchiffrer à son tour le message numérique de l'autre.
Ainsi 18 allumettes (données directement comme ensemble d'allumettes déjà comptées par l'enseignant) vont se trouver au pays des 4 et suivant l'usage établi précédemment comme suit :1 gros paquet de 4x4 et 2 allumettes seules. ou à xoo ou x 2 o ou 1x2o.
et avec seulement les chiffres, hésitation entre 12et 21, rappeler la norme: les unités sont à droite.
Or le groêment manquant (petit paquet de 4 allumettes) pose pb pour l'écriture globale d nb, pour en rendre efficace la communication à d'autres. Peut être faudra-t-il attendre la manipulation avec les autres nbs à trouver (à partir de 24 ou 6 allumettes) pour que ce pb devienne plus flagrant pour les élèves. De toute façon vient le moment où s'affirme de façon plus forte la nécessité d'une représentation symbolique en conformité avec la convention d'écriture, non formellement, mais dans le but de se faire comprendre ou de comprendre soit même un message reçu.
C'est pourquoi l'échange de messages ente équipes d'élèves trouve sa raison d'être, mettant en acte cette nécessité de type social (propre aux communications). Nécessité y compris par rapport à soi-même quand on veut garder la mémoire écrite d'un comptage. D'où la prise de conscience qui vient d'une écriture dont la cohérence interne est liée à la commodité de son usage. Cohérence à construire entre les signes des groupes (paquets) d'ordres différents afin d'éviter toute confusion possible entre eux. D'où un moment d'étonnement, de questionnement (que faire?), de besoin de faire qchose qui permette de comprendre quels sont les paquets à compter. C'est dans ce moment de trouble que le besoin va grandir de trouver un signe pour indiquer cette place manquante, faute de quoi on ne peut déchiffrer: c'est la naissance de ce qui sera le zéro.
Ainsi tout le travail lancé auprès des élèves aboutit aux productions suivantes (base 4): (* ou tout autre signe)
à 18 allumettes correspond 1*2 qui deviendra 102
à 24 allumettes correspond 12* qui deviendra 120
à 6 allumettes correspond *12 ou 12 qui deviendra 012 ou 12
Le va et vient entre les groupements concrets d'allumettes (avec pose d'élastiques) et l'écriture numérique trouvée s'avère très important pour bien voir où il y a manque.
Confrontations: Mais pour que soit soulevé par les élèves la question que pose cet absence d'unité, que l'enseignant aura pris soin de faire reprendre, en début de cours, les conventions d'écriture préalablement construites. Qu'il y ait constitution d'équipes ou pas, en classe, il sera important que l'enseignant organise ne confrontation des résultats, en donnant la parole aux élèves pour s'en expliquer, avec, collés au tableau par exemple, les groupements obtenus pour chaque nb face à l'écriture trouvée.Des confrontations différentes seront discutées, travaillées avec l'ensemble de la classe:
- celle des groupements faits avec l'écriture correspondante pour chaque nb (qd par exemple: 2 désigne suivant le cas soit 2 unités, soit des groupes de 4; et 1 désigne soit un groupe de 4 soit un groupe de 4x4).
- celle des écritures différentes trouvées, suivant les élèves, pour un même nb (par exemple 1*2, 1-2 ou 102)
- celle des écritures différentes trouvées pour les différents nbs par exemple ce qui différencie 1*2 et 12*)
Il ne s'agit pourtant pas de noyer les élèves par trop de confrontations au tableau. C'est l'enseignant qui, ayant observé ici ou là telle ou telle façon de faire, et ayant en tête le cap à tenir, va sans doute choisir de faire confronter certains des résultats obtenus, notamment à partir de leur différence ou contradictions en s'assurant que la réflexion qui s'engage concerne toute la classe et ne se fasse pas seulement entre les élèves ou équipes concernées.. Mais pour cela, faut-il que soit assurée la représentation très concrète (avec les groupements d'allumettes face aux écritures numériques correspondantes), devant tous les élèves, des objets de la réflexion engagée.
Dans le cas où des équipes en doublette ont été organisées, il faut les laisser se rencontrer librement, pour que les élèves aient un espace de discussion et d'argumentation entre eux, avant de passer à une confrontation générale, laquelle pourra d'ailleurs s'appuyer sur les constats auxquels ont abouti les équipes adverses. L'enjeu pour l'enseignant, comme en bien d'autres moments de toute démarche, est qu'il s'apprenne lui-même à gérer de tels moments, dont l'organisation est tjs délicate mais les effets extrêmement fructueux.
Parce que de tels moments dépendent de la pertinence, pour l'enseignant, de se saisir de tel ou tel problème rencontré ici ou là, de telles différences, de telles contradictions pour en faire, en les élucidant ensuite en classe, des tremplins pour comprendre plus.
Mais s'il est vrai que les élèves se montrent capables de bien plus qu'on ne le croit dans les conceptualisations en cours, il est non moins vrai que l'enseignant lui-même, observant (souvent avec étonnement) les pas en avant positifs qu'apportent les élèves, saura s'en saisir pour le profit de tous. Et pour son propre profit, chemin faisant. Car s'il est un constat encourageant à faire, quand les élèves sont réellement impliqués dans la construction de leur savoir, c'est combien l'enseignant le devient, à la place qui est la sienne, dans l'analyse et l'affinement tjs en développement des modes de conduites d'animation à tenir, pour que se développent d'étapes en étapes de telles démarches.
A cette étape de la démarche, les élèves peuvent choisir de mettre un point, ou un trait, ou tout autre marque à leur guise pour indiquer l'unité manquante. Il est même heureux qu'ils inventent un signe à eux, faisant passer ainsi dans la symbolique un quelque chose qui fait existence pour eux. D'autant plus marquant que ce quelque chose est précisément rien, rien comme quantité mais pas rien comme place, comme position.
car ce nouveau venu, inattendu et fort insolite s'affirme indispensable à insérer pour que les chiffres écrits à sa droite ou à sa gauche puissent être lus, déchiffrés dans leur signification: comptage d'un certain nb de groupements, le type (l'ordre) de ces groupements étant manifesté par la position de chaque chiffre de droite à gauche, le référent étant l'unité, à l'extrême droite de ce positionnement.
Le signe 0 qui prend la place des marques trouvées par les élèves, est introduit plus tard dans le raisonnement par l'enseignant comme convention sociale et historique. Mais il peut l'être en chemin par les élèves eux-mêmes qui en ont déjà rencontrés l'usage. Pourtant ce signe, s'ils le connaissent, s'ils l'ont déjà rencontré, ils se trouvent maintenant en situation de pouvoir le faire leur, puisqu'ils se mettent à comprendre ce qu'ils savaient déjà.
Il est très important d'apporter là des documents et données historiques, le 0 n'ayant pas été inventé dans toutes les civilisations et de plus étant arrivé très tard dans nos pays européens.
Si des situations qui peuvent apparaitre anecdotiques apportent quelque piment, elles ont toutefois pour fonction de montrer à quel point les connaissances ont une histoire et combien les apports des cultures et civilisations, entre elles, ont été un facteur décisif dans la propagation et l'affinement de ces connaissances. Ainsi le 0 n'est-il apparu que dans certaines civilisations. Mis tjs cependant, en liaison avec une écriture positionnelle des nbs, et donc pour indiquer une absence, dans un positionnement donné.
Il est donc important que l'enseignant donne les moyens aux élèves de restituer le zéro non pas avec sa valeur de nb, qu'il a prise des siècles après mais comme signe à part qui n'intervient qu'au moment où la symbolisation se construit dans l'idée du positionnement du comptage des groupes différents, les uns par rapport aux autres.
Sachant qu'à partir de l'idée de positionnement, les usages de ce positionnement dépendent seulement des choix sociaux, collectifs ( tout comme il en est dans la classe qd il s'agit de déterminer un signe commun)
Ainsi le 0 devient il paradoxalement indispensable:
le 0 dans l'écriture numérique permet une immense commodité puisque grâce à lui, tous les nbs entiers (mais aussi d'autres nbs comme les décimaux) sans exception pourront être nommés et utilisés dans les calculs.
Le 0 joue un role fondamental dans la conceptualisation de la numération car son introduction intervient dans et pour le représentation de l'unicité globale du tout d'un nb (qui relie et structure les parties chiffrées de ce nb) : 132 tout comme 102 en base 4 designent chacun UN seul nb, alors qu'ils sont constitués de plusieurs chiffres, comme il en est de chaque mot constitué de plusieurs lettres.
C'est pour préserver cette unicité de signification que le zéro a pour fonction de situer les unités d'ordres différents entre elles, puisqu'elles dépendent les unes des autres. Donc le 0 permet de déchiffrer le nb en son entier par les unités d'ordres différents qui le composent et dont le zéro assure la lecture correcte. C'est en ce sens que réside l'extrême importance de 0, qui est de représenter rien pour faire le lien.
L'enseignant variera les exemples numériques et là aussi proposera des activités de codage et de décodage. Entre temps, il introduira, en base 4, par exemple 16 allumettes (tjs directement données, sans verbalisation ), afin que les élèves soient amenés à trouver 100. Mais il n'est pas assuré que les élèves pourront dès ce moment là faire le saut mental qui les conduit à construire et comprendre l'écriture 100.
C'est l'étape suivante qui sera décisive à cet égard dans la mesure où elle assurera une continuité de mise en cohérence de l'écriture successive de tous les nbs.
Nb de 2 chiffres
Ayant travaillé systématiquement sur les nbs à 3 chiffres, il est temps de réinvestir sur des nbs de 2 chiffres, par exemple 32. Là, les élèves peuvent être tentés de conserver l'écriture de 3 chiffres en mettant 032 par exemple ou encore 020. D'où la question (que les élèves ne se posent pas forcément) de ce 0 à gauche tout à fait conforme à ce qui a été fait jusque là, mais dont il y a à prendre conscience que son ecriture n'est pas du tout indispensable.
C'est la consolidation du principe de l'écriture positionnelle, liée à la maitrise du déchiffrage d'un nb de gauche à droite, qui amènera les élèves eux-mêmes à considérer comme inutile (quoique juste) tout 0 se trouvant à la gauche du dernier chiffre non nul le plus a gauche.
L'enseignant là encore, attendra que la question se pose aux élèves ou que des contradictions apparaissent entre élèves pour s'en saisir et les faire réfléchir, les faire argumenter à ce sujet, afin que ce soient eux-mêmes qui en arrivent à conclure que le ou les 0 à gauche deviennent non pas faux, mais inutiles à écrire, alors même qu'ils sont indispensables ailleurs.
Il sera utile aussi de noter de l'écriture de l'heure, par exemple 07heures04 maintient l'écriture du 0 placé en 1er, à gauche. Pour cause de machine avec 2 colonnes.