"Interpréter" un poème (au niveau du sens)
- Discipline / domaine
- Langage oral
- Objectif
- - Travailler un poème en l'appréhendant par la voix et le corps
- Faire "interpréter" un texte dans le 1er sens du verbe: chercher à rendre compréhensible, à traduire, à donner un sens;
- Durée
- 45 minutes (3 phases)
- Matériel
- - Le hareng saur de Charles Cros
- Conseils donnés par une sorcière de Jean Tardieu
1. Découverte et choix des poèmes
- L'enseignant lit les deux poèmes à haute voix et questionne les élèves: de quoi parlent ces textes? Quelles sont vos impressions?
- Chaque élève doit choisir un des deux poèmes. Pour étayer la sélection, l'enseignant conseille à chacun de les lire et les dire à mi-voix pour une première "mise en bouche" individuelle: chaque élève peut ainsi éprouver si l'un des deux lui parait d'un abord plus aisé, dans une forme d'appropriation un peu spontannée.
2. Première appropriation du poème
- Constitution des groupes de 4 ou 5 élèves autour du même poème avec pour consigne: "faites des essais, proposez la lecture qui vous parait la plus intéressante, variez le ton, le débit, la hauteur de voix, faites-le à plusieurs."
- Les élèves font des essais, tâtonnent, échangent sur les différentes lectures possibles du texte.
- L'enseignant circule pour répondre aux questionnements des élèves sur la pertinence d'une variation plutôt que d'une autre et explique qu'il n'y a pas qu'une seule solution, seulement des propositions.
3. Interprétations du texte (sens 1)
CHERCHER A RENDRE COMPREHENSIBLE, A TRADUIRE, A DONNER UN SENS.
- Après regroupement de la classe, l'enseignant revient sur les impressions des élèves car ce temps d'appropriation leur a permis d'entrer plus avant dans la compréhension des textes et d'aller jusqu'à leur intreprétation:
• Quels ont été les blocages?
• Comment les ont-ils résolus?
- On procède à la mise en commun des propositions issues de leurs essais, par oralisations partielles ou complètes des groupes constitués, et le maitre essaie d'en faire émerger d'autres:
• La didascalie qui suit le titre "Conseils donnés par une sorcière" contraint l'interprétation et la diction: elles relèvent du registre du secret, du danger, de l'urgence. Les conseils donnés sont d'autant plus fantaisistes qu'ils sont émis par une sorcière; ils sont poétiques car ils sollicitent un autre ordre du monde ("ouvrir sa fenêtre aux planètes") dont on convoque tous les éléments (les arbres, la terre, la neige, la pluie) et jouent sur les assonances et le rythme. C'est l'aspect théâtral du poème qu'il faudra travailler. Mais les problèmes techniques apparaissent: le chuchotement prescrit est-il conciliable avec l'audibilité? Comment rendre l'épouvante? Le corps doit entrer en action.
• La diction du "hareng saur" n'est pas imposée. Mais le poème est bizarre: il heurte un peu la représentation que les élèves se font de la poésie: le thème en est prosaïque, ainsi que les objet (un mur, un marteau, un poisson...); pas d'image vraiment "poétique", au sens habituel du terme. Il s'agit d'une narration très simple données par les premières parties des vers qui pourraient s'enchainer en continu - "il vient, tenant dans ses mains / un marteau lourd, un grand clou / un peloton de ficelle / Alors il monte à l'échelle / et plante le clou pointu..." - et qui n'a pas grand sens (pourquoi attacher un poisson à une ficelle?) L'acte est décalé, un peu absurde: les élèves qui le comprennent s'en amusent (voir le dernier vers). Faut-il le dire de façon comique? Pour accentuer le décalage, doit-on opter pour le côté grave, qui n'est pas adapté au sujet et qui lui donnera tout son sel?