Séance 1
- Discipline / domaine
- Histoire
- Objectif
- La France avant la révolution
- Durée
- 60 minutes (7 phases)
- Matériel
- Document 1: Tableau: la société française à la fin du XVIIe siècle (Histoire-géo CM2, Nathan, document 1 p 12)
Document 2: Caricature du XVIIe siècle, Musée Carnavalet, Paris : les trois ordres de la société
Document 3 : extrait d'un cahier de doléances (Histoire-géo CM2, Nathan, document 3 p 13)
Document 4: dessin achevé (esquisse) de Jacques-Louis David, Musée du château de Versailles, 1791 : Le serment du jeu de paume
1. Évaluation diagnostique
Qu'est-ce que la monarchie absolue ?
Ne pas limiter la réponse à un roi tout-puissant qui disposerait d'un pouvoir magique mais rappeler l'existence des trois pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) qui sont concentrés dans les mains du roi et de ses agents. Le roi ne gouverne pas sans argent : il doit rémunérer son administration, financer la cour, les guerres s'il en entreprend et donc avoir des ressources qui proviennent des revenus de ses biens et des impôts qu'il perçoit.
Qui peut critiquer cette situation ?
Rappel sur les philosophes des Lumières, les plus pauvres du tiers-état
2. La société française à la fin du XVIIIe siècle
Distribution du document 1
1 - Modelage
Ce tableau présente la société en la répartissant à la fois par ordres (noblesse, clergé et tiers-état) et par niveau de revenus.
Les ordres rappellent la répartition du Moyen Âge entre ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent, même si les nobles ne sont pas tous combattants au XVIIIe siècle, loin de là. En revanche, les privilèges attachés aux deux premiers ordres subsistent.
Cependant, à l'intérieur de chacun des ordres, les revenus sont extrêmement différents: les revenus annuels des évêchés les plus prestigieux peuvent aller jusqu'à 400 000 livres pour Strasbourg (alors que les curés les mieux pourvus disposent de 10 000 livres) ; mais les revenus les plus courants vont de 3 000 à 1 000 livres.
On trouve les même écarts dans la noblesse.
Les membres du tiers-état sont encore plus soumis aux inégalités sociales, les plus riches ayant des revenus proches de ceux de la haute noblesse alors que les plus pauvres sont mendiants.
En revanche, les privilèges distinguent les deux premiers ordres du tiers-état et leur rappellent leur condition juridique inférieure.
Le Dictionnaire Universel de Furetière, paru en 1690 à Rotterdam donne cette définition du privilège: passe droit, avantage particulier dont jouit une personne à l'exclusion de plusieurs autres, qui lui vient par le bienfait de son Souverain. (...) Les rois accordent des privilèges à leurs sujets, à leurs villes.
2 - Pratique guidée
Quels sont les trois ordres de la société en 1789 ?
En 1789, la société est divisée en trois ordres : le clergé (prêtres et moines), la noblesse (noblesse d'épée, descendant des anciens chevaliers et noblesse de robe, magistrats anoblis par leurs charges) et le tiers-état (le reste de la société).
Quels sont les ordres privilégiés ?
Les ordres "privilégiés" sont le clergé et la noblesse, dispensés en particulier des impôts royaux.
Parmi les trois ordres, quel ordre remplit les caisses de l'État avec les impôts ?
Le tiers-état remplit les caisses de l'État en payant divers impôts.
3. Les trois ordres de la société
Distribution du document 2
1 - Modelage
Ce document est une caricature qui véhicule un message polémique dans un contexte de crise et de réformes en cours, et de la réunion des États généraux. Ce n'est pas une représentation réaliste de la société mais un pamphlet contre les privilèges.
Les deux personnages juchés sur le dos du paysan sont un noble et un prêtre : le noble porte l'épée sur laquelle est inscrit "rougie de sang". Le prêtre, vêtu de violet, est un évêque ou un abbé, ce que confirment les documents qui sortent de sa poche "Évêque, abbé de, duc et pair, comte de", "pension", "ostentation". Si le personnage est aussi duc et pair, il appartient au haut clergé et fait partie des évêques qui entourent le roi lors du sacre. C'est un très haut personnage. Enfin, le paysan s'appuie sur une houe portant l'inscription: "bonté de canne", et, de ses poches, sortent des documents portant "... et tabac, taille et corvée, dixmes et milices", ce qui correspond aux charges qui pèsent sur lui : taxes sur le tabac, impôt royal, taille et impôt seigneurial, corvée, dîme due au clergé et enrôlement dans les milices. Des lapins mangent des choux, des perdreaux picorent du grain, allusions à l'impuissance du paysan, qui, sans droit de chasse, doit laisser détruire ses récoltes sans pouvoir tuer ces animaux.
2 - pratique guidée
Quel ordre représente le personnage qui porte les deux autres ?
Le personnage qui porte les deux autres représente le tiers-état. C'est un paysan.
À quoi reconnait-on le personnage qui représente le clergé ?
Le membre du clergé est reconnaissable à sa croix autour du cou.
Quelle arme porte le noble ?
Le noble porte une épée.
Quel est le message de cette caricature ? Que dénonce-t-elle ?
Cette caricature critique les privilèges du clergé et de la noblesse qui font peser des charges sur le tiers-état, en particulier sur la paysannerie.
4. Des membres du tiers-état expriment leurs doléances
Distribution du document 3
1 - Modelage
Les cahiers de dolénaces du tiers-état sont rédigés dans différents cadres. À la campagne, un par paroisse ; en ville, un par corporation ou par paroisse. Les cahiers des corporations et des paroisses urbaines sont regroupés pour former un cahier de ville. Enfin, les cahiers des ruraux et des urbains d'un même bailliage forment un seul cahier qui est porté à Versailles lors de la réunion des États généraux.
Cet extrait provient du village de Guyancourt qui comptait un peu plus de 500 habitants avant la Révolution. Les articles qui ont été choisis regroupent des demandes politiques : l'égalité devant la loi, ce qui implique la fin des privilèges, en particulier fiscaux ; des demandes économiques de contrôle des prix du blé ; la nomination d'un maître d'école. Les préoccupations sont donc multiples et recouvrent aussi des demandes d'éducation.
2 - Pratique guidée
De quel ordre de la société ce cahier exprime-t-il les doléances ?
Ce cahier exprime les doléances du tiers-état.
Quels articles demandent de supprimer les impôts ?
Les articles 1, 3, 5 demandent la suppression des impôts.
Pourquoi les paysans veulent-ils détruire les lapins et le gibier ? Ont-ils le droit de le faire ?
Les paysans demandent l'élimination des lapins et du gibier qui détruisent les récoltes. Ils ne peuvent eux-mêmes les chasser car la chasse est un privilège réservé à la noblesse.
Que signifie l'article 2 ?
L'article 2 revendique la fin des privilèges. En effet, selon les régions, les villes, les ordres, les règles étaient différentes. Certaines catégories de la société avaient obtenu, au fil du temps, des "privilèges" qui les dispensaient de certaines charges. Par ailleurs, les taux d'imposition variaient selon les régions du royaume.
5. Le serment du Jeu de paume
NB : cette phase peut faire l'objet d'une séance d'histoire des arts consacrée à l'histoire d'une oeuvre et à la manière dont un peintre a voulu représenter un événement politique (choix de l'artiste, relation à l'événement, commande et genèse de l'oeuvre ...) en croisant l'histoire des arts et une réflexion sur la réception des images par les spectateurs, ici les élèves).
Distribution du document 4
Modelage
Le 5 mai 1789, les États généraux se réunissent à Versailles. Le 17 juin, des députés des États généraux, déçus par l'attitude du roi, se proclament assemblée nationale car ils considèrent qu'ils représentent l'ensemble de la nation.
Le 20 juin, ces députés ne peuvent pas accéder à leur salle de réunion, fermée par ordre du roi. Ils se réunissent alors dans une salle servant à la pratique d'un jeu de raquette, la salle du Jeu de paume à Versailles. Ils jurent de ne pas se séparer avant d'avoir rédigé une constitution.
Le peintre Jacques-Louis David (1748-1825) est déjà connu lorsqu'il commence son dessin du Serment du jeu de paume en 1790. Il le réalise pour préparer un très grand tableau qui doit être installé dans la salle de réunion de l'Assemblée constituante.
À partir du 9 juillet, l'Assemblée nationale devient Assemblée nationale constituante.
Le peintre David a dessiné le serment tel qu'il l'imaginait ; il a représenté l'enthousiasme des députés pour rédiger une constitution et pour abandonner la monarchie absolue. Les trois personnages situés au premier plan sont un religieux, un prêtre catholique et un pasteur protestant.
6. Objectivation
Quels sont les trois ordres de la société ?
Qu'est-ce qui différencie les ordres privilégiés du tiers-état ?
Citez des professions de personnes qui appartiennent au tiers-état en ville, à la campagne. Sont-ils tous pauvres ?
Quelles sont les difficultés de la France dans les années 1780 ? (dette de l'état, due en partie à la guerre d'Amérique et aux privilèges qui dispensent d'impôts les nobles et le clergé mais aussi crise économique - mauvaises récoltes, chômage- qui frappe les plus pauvres)
Que décide alors le roi ? (rédaction des cahiers de doléances et réunion des États généraux)
7. Copie de la trace écrite
En 1789, pour résoudre les problèmes financiers du royaume, Louis XVI réunit les États généraux. Il fait rédiger des cahiers de doléances dans lesquels les membres du tiers-état critiquent les privilèges du clergé et de la noblesse.
Le 20 juin 1789, dans la salle du Jeu de paume, les députés des États généraux prêtent le serment dene pas se séparer avant d'avoir rédigé une constitution.
Vocabulaire : cahier de doléances, caricature, États généraux, monarchie absolue, privilèges, assemblée nationale, assemblée nationale constituante, constitution, nation
Construction d'une frise chronologique des événements révolutionnaires : faire figurer
- 1789 : début de la révolution française
- 5 mai : ouverture des États généraux
- 20 juin : serment du jeu de paume